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Le travail en est à la fois violent et doux. L’ombre semble vivre. L’atmosphère vague qui enveloppe les objets évoque les anciens laboratoires des alchimistes où les vérités n’apparaissent qu’à la lueur des feux et sous le voile transparent des fumées. Le burin de Rembrandt a rendu ce milieu éclatant et fantastique.

Restent à étudier les trois plus célèbres eaux-fortes et quelques portraits.

Jésus guérissant les malades, connu sous le titre La Pièce aux cent florins, n’a point, à nos yeux, le prestige des deux autres. Certes, le groupement en est heureux, l’éclairage parfait, le type du Sauveur d’une bonté, d’une charité, d’un rayonnement superbes, mais la planche entière n’est pas aussi caractéristique du génie du maître que Le Christ montré au peuple et Le Calcaire, autrement appelé Les Trois Croix.

La première œuvre a subi plusieurs changements. On les peut constater au Rijksmuseum d’Amsterdam. Rembrandt a comme hésité entre différentes dispositions de groupes et de lignes monumentales. Celle à laquelle il s’arrête a le grand avantage d’isoler et de mettre en évidence le Christ, et — tant par l’animation que donnent aux frontons les cariatides et aux fenêtres les personnages apparus que par les bandes de peuple et de soldats évoluant au long des perrons et des escaliers — de réaliser un monument qu’on dirait animé. La cour du palais, où la scène a lieu dans une enceinte de pierres, vit tout entière et participe à l’action comme si les hommes faisaient les