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La Résurrection de Lazare, par sa téméraire et comme tonnante clarté refoulant loin d’elle les ténèbres, et réalisant ainsi par sa composition même tout le prodige que contient le sujet, attire avant tout l’admiration. Devant le cadavre que la terre comme violée livre au jour, devant cette sorte de cataclysme qui la secoue et la vainc, le Christ, calme et grande figure, debout en face de la mort, semble vraiment commander aux forces souveraines. Tout le surnaturel du drame est ressenti par les spectateurs et se traduit en leurs bras rejetés vers l’effroi, tandis que Jésus se montre si sûr de sa puissance que son geste qui brise une des lois de la vie apparaît le plus aisé et le plus naturel du monde. De brusques ombres cassant la fulgurante lumière achèvent d’imprimer à la scène tout son mystère et toute sa grandeur.

Joseph racontant ses songes et La Mort de la Vierge étonnent autant. Dans cette dernière composition, Marie expire en son lit, assistée d’un médecin, veillée par des apôtres et par des femmes, au milieu d’une salle étrange, fermée de grands rideaux. Des personnages énigmatiques s’y coudoient. Une sorte de grand rabbin, le front surmonté d’une mitre contournée, se hausse au pied du lit, un enfant de chœur tient une croix au sommet d’une hampe, quelqu’un lit dans un livre grand ouvert, tandis que le plafond tout à coup s’entr’ouvre sous la poussée des anges qui volètent, se penchent et adorent.

Comme dans la Résurrection de Lazare, la scène est toute d’étrangeté.