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vrais, les plus chastes et les plus beaux de la peinture. L’homme et la femme — on intitule énigmatiquement le groupe : La Fiancée juive — déploient un luxe d’ors, de velours et de soie qui contraste avec l’intimité de la scène, mais qui explique d’autant mieux la passion de féerie et de chimère restée intacte dans le cœur de Rembrandt.

Il réalise encore avec la même liberté allant jusqu’à la témérité suprême, avec la même vision magnifique et folle, le Saül — récemment acquis par M. Bredius — et surtout Esther, Assuérus et Aman, que possède la reine de Roumanie. La mise en page est autoritaire, la violence des argents et des pierres brûle la toile, la psychologie des trois personnages est shakespearienne, les couleurs sont fastueuses, le dessin sûr comme au temps de la maturité. Le sceptre sortant soudain de l’ombre — tel un éclair — illumine toute la scène de son prestige. On dirait qu’il domine les trois acteurs du drame, sous le rai d’or de sa volonté dardée. Rembrandt meurt debout après ce dernier chef-d’œuvre.


V.

Rembrandt graveur.


C’est au Rijksmuseum d’Amsterdam qu’on rencontre, je crois, la plus riche collection d’eaux-fortes signées Rembrandt ; c’est là qu’on peut se rendre, grâce aux superbes et très rares états de ses cuivres, le mieux compte de son œuvre et de ses procédés.

Avant lui, la gravure est avant tout un art d’école. Les