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une infinité, selon qu’on envisage sa continue progression unique ou son extraordinaire renouvellement, de lustre en lustre, et quelquefois d’année en année.

Il commence par peindre sec et dur et minutieux (le Changeur (1627), le Saint Paul en sa prison (1627) ; la facture est lourde, la couleur épaisse, brûlée, cuite. Mais la surprise apparaît dans la mise en scène. La lumière frappant abondamment les objets le préoccupe. Peu à peu la volonté de serrer de près l’extériorité le conduit à un art soigné, propret, lisse. Une harmonie de bleus, de verts pâles, de jaunes rosâtres le requiert. Certaines toiles : l’Iscariote venant rendre les trente deniers (1628 ou 1629), le Christ et les disciples d’Emmaüs (1629), renseignent sur cette phase. Vient ensuite l’influence de Lastman, le maître amsterdamois qu’il s’est choisi. La Présentation au Temple (1631), du musée de La Haye, ne semble point encore une œuvre personnelle. Certes, elle s’élève au-dessus des compositions précédentes. La mise en valeur du sujet principal y est despotiquement sauvegardée ; les architectures mystérieuses et colossales y apparaissent pour la première fois, mais le faire en est encore lisse et docile et timide. Le maître Lastman en a surveillé l’exécution. Dans la Sainte Famille (1631) du musée de Munich, l’affranchissement du génie de Rembrandt se poursuit. Le coup de pinceau s’enhardit, s’affirme. Il traite d’après lui-même la scène telle qu’il la conçoit.

Tous ces voyages en des voies non pas différentes, mais successives, le conduisent lentement à la Leçon d’ana-