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Le nom de Rembrandt pourrait réapparaître souvent au programme de ces solennités et sa survie s’implanter ainsi de plus en plus profondément dans la mémoire, l’admiration et l’amour des hommes.


IX.

Conclusion.


Rembrandt est, nous l’avons déjà dit, le peintre des miracles. Il doue d’authenticité le surnaturel. Pour y réussir, il n’y a qu’un moyen : confondre volontairement le mystère et la vie, les tordre en un même éclair. Rembrandt y parvient toujours, parce qu’il est, en même temps qu’un peintre divin, le peintre le plus émotionnellement humain. Il tient entre ses mains les deux tronçons de la foudre. Il recueille les pleurs, les cris, les joies, les souffrances, les espoirs au plus intime de nous-mêmes et nous montre le Dieu qu’il célèbre, agité des mêmes tumultes que nous. Ou bien encore, il nous le présente avec une telle douceur, une telle bonté, une telle sérénité qu’il nous impose le prodige par l’amour. Son Christ, ses patriarches, ses saints, ses apôtres qu’il meut et qu’il éclaire dans la région des étonnements et des visions ne sont que des hommes plus profondément hommes que nous. Les artistes du moyen âge nous faisaient accéder au surnaturel, grâce à des dons de naïveté et de candeur. Lui, il nous y mène par les chemins de la souffrance, de l’angoisse, de la tendresse, de la joie, c’est-à-dire par les chemins de la vie totale.