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modèle s’impose. Certes le corps est admirablement établi, le visage en ses divers plans magistralement traité, les mains sont vivantes et souples ; les épaules, le cou, le buste entier apparaissent d’une masse juste ; le personnage entier pourrait se lever, marcher, s’asseoir, et se mêler aux spectateurs.

Néanmoins, si une telle surprise avait lieu, personne ne se pourrait défendre de la crainte d’être mis en présence de quelqu’un, en même temps d’aussi près et d’aussi loin de soi-même.

Le monde des vivants que Rembrandt représenta est donc un monde bien à lui, tout comme le monde de ses légendes et de ses fables. Parmi les portraitistes de tous les temps, il est celui qui se rapproche le plus du thaumaturge.

L’Exposition organisée au Musée de la ville d’Amsterdam prouvait à l’évidence et imposait de telles remarques. Elle eut un retentissement immense parmi les critiques et les artistes. Elle émut le monde.

Au moment où les fêtes uniquement religieuses semblaient ne plus rappeler que le passé, elles inauguraient les fêtes de l’avenir. Depuis lors, d’autres assises artistiques se sont tenues : celles de van Dyck, celles des Gothiques de Flandre, celles des Gothiques de France. Désormais, à côté de la fête du peuple qui, au premier mai, célèbre le Travail, à côté de la fête du soleil qui, au solstice d’été, célèbre la Nature, il faudrait que chaque année, dans l’une ou l’autre des nations d’Europe que l’art décore, on choisît quelque glorieux anniversaire pour célébrer la Peinture.