culait rien. Elle ne se faisait point autoritaire.
Quand l’un d’eux, un tout jeune homme, Fabritius
(mort à vingt-neuf ans) avait besoin d’un modèle,
dans sa Décollation de saint Jean-Baptiste (musée d’Amsterdam), c’était lui
Rembrandt, le maître, qui lui posait la figure du bourreau.
Et le voici, manches retroussées, le col de la chemise
ouvert sur les poils de la poitrine, qui se campait, dans cet
accoutrement et ce métier vil, devant le public.
VIII.
La survie de Rembrandt.
L’éternité n’appartient qu’aux forces cosmiques. Les personnalités les plus hautes s’évanouiront un jour, on ne sait quand, des plus fidèles et des plus tendres mémoires. Même ceux qui identifièrent le cours de leur vie, — dieux ou rois, — avec l’existence du soleil, se sont enfoncés, comme les autres, dans l’oubli. Ni les livres, ni les marbres, ni les bronzes ne conservent rien à jamais. Chose lugubre à penser : les toiles les plus célèbres, par la fragilité même de leur matière, se consumeront d’ici a quelques siècles.
Un jour, on ne connaîtra plus que par des copies fatalement inexactes et la Joconde de Vinci, et l’Érection de Croix de Rubens, et les Noces de Cana de Véronèse, et les Disciples d’Emmaüs de Rembrandt.
Contre cette loi si profonde, le cœur de ceux qui vivent s’est constamment révolté. L’histoire est, avant tout, un monument d’orgueil. Quelques-uns, parmi les plus réflé-