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même, chez un des plus grands peintres français contemporains : Carrière.

Au XVIIe siècle, elle ne franchit guère les murs d’un atelier. Fabritius, van Gelder, van Eeckhout, Lievens s’en imprègnent. Ils imitent le maître. Il leur apprend sa manière étrange de présenter les sujets ; ils affublent leurs personnages de défroques exotiques ; ils les enturbannent et les chargent de joyaux ; ils les exposent en des clartés comme surnaturelles. Tout comme Rembrandt, ils ne semblent peindre que des miracles et des prodiges, mais, quoi qu’ils fassent, leur art, tout en reflet, manque de sincérité puissante et ieur force apparaît factice et empruntée.

L’étonnante lumière dont Rembrandt se sert pour souligner la psychologie si profondément humaine de son œuvre ne devient, entre leurs mains, qu’un simple élément pittoresque, si bien qu’éduqués par le génie, ils rejoignent par un chemin détourné les peintres de talent comme Gérard Dou. Ils ne brillent que comme des prismes et non pas comme des feux personnels. On aurait le droit de les oublier — à part Fabritius et van Gelder — s’ils n’avaient fait partie des hommes de choix qui, par leur attitude de disciples et d’admirateurs, parvinrent à maintenir le respect autour du grand méconnu. Il les aimait, parce qu’il s’aimait soi-même en tous ceux qui vivaient avec lui et par lui, il leur fut bon et serviable, de conseil désintéressé et clair ; il les grandissait en les approchant. Il en fit ses compagnons. Son amitié ne cal-