Page:Verhaeren - Rembrandt, Laurens.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

goût, son amour de la profusion et de la redondance, son désir d’étaler de la force et de la vie, s’affichent partout. Les façades des maisons, les autels des églises, les plafonds des palais en gardent la marque ardente et tout un style — celui qu’on appelle jésuite — sortira comme tordu d’entre ses poings. Bien plus encore. Il enverra en Angleterre, tel un ambassadeur, le bel Antoine van Dyck, afin qu’il imprime le sceau de l’art flamand à la nouvelle peinture insulaire. Il s’en ira lui-même en France peupler de ses figures tout un palais et préparer l’art des Largillière et des Rigaud en attendant qu’il séduise Watteau et éveille au sens des fortes et harmonieuses couleurs toute la peinture romantique du XIXe siècle.

Aussi son influence perdure-t-elle en son pays. Elle commande pendant tout le XVIIe siècle ; on la sent présente dans la pleine décadence du XVIIIe siècle. Quand David dessèche tout, le vieux Herreyns la subit et la glorifie encore. En 1830, dès que l’éveil moderne s’annonce, les Wappers, les de Biève et les de Keyser la font revivre et éclairent de sa flamme leur impuissance. Aujourd’hui encore, parmi les plus jeunes des peintres belges, sa palette violente et sonore sert à ceux qui veulent à tout prix regarder le passé et retrouver la force dans les traditions lointaines.

Telle est l’influence locale et générale de Rubens. Celle de Rembrandt est tout autre. Elle n’inquiète, d’âge en âge, que les grands maîtres. Elle abolit le temps et les milieux. Qui la cherche la surprend à cette heure