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Par rangs hagards et stupéfaits,

Toujours et puis toujours,

Dans l’ombre.


Cela dura des nuits et puis des jours

Jusqu’à l’instant où Liège lasse
Ploya sous la menace
Toujours plus écrasante et toujours plus tenace

Des ennemis.


Boncelle, Embourg, Fléron et Barchon furent pris ;

Des blocs énormes de mitraille
Choyant comme des pans de montagnes, là-bas,

Fendirent sous leur poids le béton des murailles.


Le quatorze Août, Loncin à son tour succomba.

La poudre déflagra dans ses caves fermées,
Un bruit rebondissant ébranla l’air vermeil
Et des nuages noirs de suie et de fumée

Sortis du sol, firent la nuit sous le soleil.


Les gens fuyaient, par les routes et par les sentes ;
D’autres se lamentaient en paroles pressantes :