Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Mais lui, qui règne aux horizons,

S’échappe et fuit jusques aux grèves ;
Quand il revient vers les maisons,
On ne sait quoi de lourd et de flasque il soulève.
L’ombre paraît grossir et se mouvoir,
D’accord avec ses sursauts noirs
Et ses ailes gigantesques et molles,
Battant l’espace entier, affolent
Là-bas, sur les remparts, les croix

Des vieux moulins de bois.


Et chacun crie, et nul ne sait que faire.

Le fossoyeur prétend
Qu’il faut cerner le vent
Et le pousser au cimetière.
Un batelier s’agite, au coin des quais,
Et veut qu’on tâche à l’embarquer
En de gros sacs de toile grise
Qu’on amène, chaque semaine,

De Termonde jusqu’à Tamise.


Aux battements soudains d’un glas,
Le vent riposte avec fracas ;