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Quand tout à coup les coups de boxe

Et les assauts de l’équinoxe
Ameutèrent les eaux et fendirent la terre.
Un orage grandit : les ravages couraient
De l’un à l’autre bout de la forêt.
Le vieux moulin, pauvre et branlant
Fut renversé, comme un enfant ;
La mort rôdait autour des chaumes,
Les tours semblaient de grands fantômes
Et l’on eût cru que le monde passait
Si, vers le soir, le saint Michel n’avait,
D’un grand geste d’épée, atténué

Les chocs grondants du tonnerre dans les nuées.

 

Il reparut, vibrant et clair

Avec les grands serpents des feux et des éclairs
Dans sa dextre, captifs ;
Les cieux déments et convulsifs
Qui rugissaient au Nord, comme des dogues,
Furent domptés, et les vents rogues
Calmés. À l’horizon, d’un seul essor,
Sur les hameaux sauvés, grandit l’arc-en-ciel d’or.

La paix revint aux champs, et le silence…