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poèmes, iiie série


C’est les noces du vent et de l’automne.
« Eh la lune, garde à vous ! »
Le vent est ce cavalier lourd
Qui s’est soûlé, ce soir, et fait l’amour
À tous les coins des carrefours
Avec la rouge et violente automne.

« Eh la lune, garde à vous ! »
Votre allure de sainte Vierge
Et vos étoiles et vos cierges
N’ont rien à faire en cette heure de fête,
Où l’automne et le vent perdent la tête,
Où l’on entend leurs cris et leurs spasmes de bruit.
Immensément la nuit,
Et les forêts ployer et s’agiter soudain
Comme des dos, à coups de reins.

Par les fourrés, les chiens maraudent,
Une odeur lourde et chaude
Grise la plaine et redresse debout
Le rut universel qui monte et s’enfle et bout
Dans les fureurs de la nature en rage ;
Avec l’automne ivre et sauvage