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poèmes


Vers les immensités, mes yeux lèvent leur flamme,
Et mes bras éreintés de l’enlacement vain,
Vides, sont implorants de ton conseil d’airain,
Minuit rigide et froid sur le deuil de mon âme !

Que de regards défunts, que de regards, naguère,
T’ont, eux aussi, fixé pendant leur désespoir,
Obstinément et longuement fixé, le soir,
Quand l’hiver bâtissait sa maison mortuaire.

Il ne restera rien de ce qui fut ma plainte
Et tout homme travaille à son inanité ;
Minuit tranquille et mort, de son éternité
Gèle, en mon cœur, mes pleurs, ma voix, et toi, ma crainte !