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poèmes


— Certes, je veux nouer mes tortures en moi :
Comme jadis les grands chrétiens, mordus de foi,
S’émaciaient, avec une ferveur maligne,
Je veux boire les souffrances, comme un poison
Vivant et fou ; je cinglerai de mon angoisse
Mes pauvres jours, ainsi qu’un tocsin de paroisse
S’exalte à disperser le deuil sur l’horizon.
Cet héroïsme intime et bizarre m’attire :
Se préparer sa peine et provoquer son mal,
Avec acharnement, et dompter l’animal
De misère et de peur, qui dans le cœur se mire
Toujours ; se redresser cruel et contre soi,
Vainqueur de quelque chose enfin, et moins languide
Et moins banalement en extase du vide.

— Sois ton pouvoir, sois ton tourment, sois ton effroi.
Et puis, il est des champs d’hostilités tentantes
Que des hommes de marbre, avec de fortes mains,