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les flambeaux noirs


Sur un étang d’yeux ouverts et de reptiles,
Des groupes de cygnes noyés,
Vers des lointains de soie et d’or broyés,
Traînent leurs suicides tranquilles
Parmi des phlox et des jonquilles.

Et du sommet d’un cap d’espace,
D’étranges cris d’oiseaux marins,
Les becs aigus et vipérins,
Chantent la mort à tel qui passe.

Sur ce roc carié que recreuse la mer,
Dites, serai-je seul avec mon âme ?

Aurai-je enfin l’atroce joie
De voir, nerfs après nerfs, comme une proie,
La démence attaquer mon cerveau ?