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poèmes

Comme un songe dans un songe, voici ses bouges
Et ses chantiers et ses comptoirs s’approfondir
En dédales et se creuser en taupinées,
Et par-dessus, dans l’air de zinc et de nickel,
Flèches, dards, coupoles, beffrois et cheminées,
— Tourments de pierre et d’ombre — éclatés vers le ciel.
 
Soif de lucre, combat du troc, ardeur de bourse !

Ô mon âme, ces mains en prière vers l’or,
Ces mains monstrueuses vers l’or — et puis la course
Des millions de pas vers le lointain Thabor
De l’or, là-bas, en quelque immensité de rêve,
Immensément debout, immensément en bloc ?
Des voix, des cris, des angoisses, — le jour s’achève,
La nuit revient — des voix, des cris, le heurt, le choc
Des acharnés labeurs, des rageuses batailles,
En tels bureaux, grinçant, de leurs plumes de fer,