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les flambeaux noirs


Où les bras purs, lacés en immortel sommeil,
Autour de fronts penchés sur des seins de soleil ?

Où les amants tordus comme des arbres d’or
Dans le soir enivrant du jardin de la mort ?

Là-bas, où les lions promènent,
Mélancoliques, le char du vieil amour,
Mes yeux l’ont vu sortir
Du solennel jardin des souvenirs,
Mes yeux qui veillent sur la tour.

Vers quels caveaux et quels lointains béants,
Vers quels combats, vers quels néants,
Vers quels oublis et vers quelles ruines,
Poussaient, ces lions roux, le han de leurs poitrines ?
Vers où leurs pas s’en allaient-ils ?
Leurs pas usés, leurs pauvres pas,
Vers quels exils s’en allaient-ils,