Page:Verhaeren - Poèmes, t2, 1896.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
poèmes

Des machines et le mystérieux exode
Des navires silencieux, vers les hasards
Des caps et de la mer affolée en tempête ;
Ô mon âme, quel s’en aller et quel souffrir !
Et quel vivre toujours, pour les rouges conquêtes
De l’or, quel vivre et quel souffrir et quel mourir !

Pourtant regarde au loin s’illuminer les îles,
Fais ton rêve d’encens, de myrrhe et de corail,
Fais ton rêve lascif vers de roses asiles,
Fais ton rêve éventé, par le large éventail
De la brise océane, au clair des étendues ;
Et songe aux Orients et songe à Benarès,
Songe à Thèbes, songe aux Babylones perdues,
Songe aux siècles tombés des Sphinx et des Hermès ;
Songe à ces Dieux d’airain debout au seuil des porches,
À ces colosses bleus broyant des léopards
Entre leurs bras, à ces processions de torches
Et de prêtres, par les forêts et les remparts,