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poèmes

En ces plaines de laines,
Dites, me bâtirai-je un asile aux douleurs ?

Les douces les bonnes laines comme des mains,
Réchaufferaient les cœurs
Que froidissent les pleurs humains.

Les douces, les bonnes laines sont sûres :
Elles feraient le tour de nos blessures
Et nous seraient l’apaisement
De nos tourments,
Brusques, n’étaient ces railleries
Des chimères des broderies
Et leurs langues perforant l’air
Et leurs ongles et l’or au clair
De leurs ailes diamantaires.

Sur mes lentes tapisseries
Les chimères de haine et de méchanceté
Font des buissons en pierreries.

Elles dardent la cruauté des yeux,
Qui m’ont troué de leurs regards,