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poèmes


Là-bas, vers les grands bois obscurs et pavoisés
Avec des grappes d’ombre et des fleurs de lumière,
Où les rameaux noueux se tordent enlacés
Dans un spasme muet de sève et de matière.

Et telle, une suprême et magnifique fois
Mon rêve aura songé ta beauté rouge et forte ;
Pauvre corps ! pauvre chair ! pauvre et douce voix
Morte !


III


La mort peindra ta chair de ce vieux ton verdâtre
Délicatement jaune et si fin, qu’on dirait
Qu’à travers le cadavre un printemps transparaît
Et qu’une lueur jeune en avive l’albâtre.

Et recueilli du cœur, des yeux et du cerveau,
Sentant pâlir en moi, comme un feu de lumière,
Le souvenir trop net de ta beauté plénière,
J’irai m’agenouiller devant ce corps nouveau.