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poèmes


Qu’on te louange ! Ô mort pieuse et baptisée !
Mort, qui portes en toi la tristesse des soirs,
Mort sereine, gerbant au fond de la pensée,
Dans les vallons du cœur, la moisson des lys noirs.

Mort des moines, mort des martyrs et mort des vierges,
Hosannas traversant d’un vol les cieux hautains,
Ô mort, ceinte de feux, de prière et de cierges,
Ô mort qui fais la vie ! Ô mort qui fais les saints !

Le juste ne craint pas ta fidélité sombre,
Il regarde au delà des horizons flottants :
Que sont les ans ? Une ombre errant après une ombre
Dans le brouillard trompeur de l’espace et du temps.