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les moines


Quand il s’affaissera pâle, brisé d’effort,
La chair épouvantée à l’aspect de la mort ;

Quand, l’esprit obscurci du travail des ténèbres,
Il cherchera la croix avec des mains funèbres ;

Quand on recouvrira de cendres son front ras
Et que pour bien mourir on croisera ses bras ;

Quand on lui donnera pour suprême amnistie,
Pour lampe de voyage et pour soleil l’hostie ;

Quand les cierges veillants pâliront de lueurs
Son visage lavé des dernières sueurs ;

Quand on abaissera sa tombante paupière,
À toute éternité, sur son lobe de pierre ;

Quand, raides et séchés, ses membres verdiront,
Et que les premiers vers en ses flancs germeront ;

Quand on le descendra, sitôt la nuit tombée,
Parmi les anciens morts qui dorment sous l’herbée ;