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MÉDITATION


Heureux ceux-là, Seigneur, qui demeurent en toi :
Le mal des jours mauvais n’a point rongé leur âme,
La mort leur est soleil et le terrible drame
Du siècle athée et noir n’entame point leur foi.

Tout œuvre se disjoint, toute gloire s’efface ;
Ce que sont devenus les claironneurs d’orgueil,
Demandez-le, vous tous, qui franchissez le seuil
De leurs tombeaux, aux vers qui leur rongent la face.

Les jours sont engloutis par les prompts lendemains ;
Toute joie entre une heure et s’éloigne et s’exile,
Vous qui marchez, serrant votre bonheur stérile,
Déjà le dégoût coule et sort d’entre vos mains.