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poèmes


Ton front resta pâli de ces brusques prodiges,
Ton cœur se dégonfla de folie et d’orgueil,
Tu sentis le néant du mal et de l’envie
Et tes pas retournés te menèrent au seuil
Du cloître, où l’homme habite au delà de la vie.


III


Et toi, tu fus conquis par l’immobilité
Et le vide du cloître et les poids de silence
Qui pesant sur le cœur lèvent la volonté.
Les hommes te lassaient avec leur turbulence
Et leur clameur banale et leurs œuvres d’un jour.
Tes bras s’étaient meurtris à tordre des chimères,
Tes mains à pavoiser de tes désirs l’amour.
La vie, âpre total de nombres éphémères,
Tu ne la fixas plus que d’un regard d’adieu,
Et t’en allant, chargé d’orgueil et de pensée,
Loin du monde roulant sans idéal, sans Dieu,
Chrétien, tu ravalas ta suprême nausée.
Tu te marmorisas depuis et ton cerveau