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UNE ESTAMPE


Le corps émacié sous des voiles ballants,
La couronne de fer et d’or mordant la tempe,
L’impérière la mort règne dans une estampe,
Noire d’usure et d’ombre et vieille de mille ans.

Car cette estampe ornait jadis l’hôtellerie
D’un cloître bernardin relevant de Clairvaux ;
Ceux qui pélerinaient par bourgs, par bois, par vaux,
Le soir, étaient hantés par cette allégorie,

Quand, les rêves lassés et les pensers contrits,
Ils s’arrêtaient pour y dormir au monastère,
Et que le grand dortoir livide et solitaire,
Avec tout son silence, entrait dans leurs esprits.