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poèmes

Tels se maintinrent-ils — et rien de leur orgueil
N’était depuis mille ans descendu de leur tête.

Mais aujourd’hui, dans le mépris et dans le deuil,
Dans l’isolement blême où leur fierté végète,
Dans le dédain, c’est à jamais qu’ils sont défunts,
Qu’ils sont couchés, qu’ils sont endormis dans leurs coules,
Qu’ils sont les morts, les morts sans cierges, sans parfums,
Sans pleurs, les morts géants insultés par les foules,
Au fond des cloîtres froids et des caveaux scellés,
Au loin, dans leur silence et dans leur cimetière.
Pauvres moines ! — ou Dieu vous a-t-il consolés
Et donné votre part de ciel et de lumière ?