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poèmes


Au temps où les taureaux fougueux sentent venir
L’accès du rut, la fièvre affolante, hagarde,
Lorsque dans les vergers des fermes on regarde
Les jeunes étalons, le cou tendu, hennir ;

Lorsque l’immense amour dans les cœurs se décharge,
Lorsqu’ils s’enflent, au souffle intense de la chair,
Comme s’ouvre la voile aux rages de la mer,
Aux assauts redoublés d’un vent qui vient du large.

Telles, avec vos corps d’un éclat éternel,
Votre œil miroitant d’or, votre gorge fleurie,
Nous vous magnifions, femmes de la patrie,
Qui concentrez en vous notre Idéal charnel.