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les flamandes

Toute rouge, sur fond diaphane et vermeil,
Fait deviner les flots, la chanson matinière
Des marins qui s’en vont au large, et la rivière
Que sabrent les rayons lamés d’or du soleil,
Partout, soit champ d’avoine, où sont les marjolaines,
Coins de seigle, carrés de lins, arpents de prés,
Partout, bien au-delà des horizons pourprés,
La verte immensité des plaines et des plaines !


I


Sous les premiers ciels bleus du printemps, au soleil,
Dans la chaleur dorée à neuf, elles tressaillent,
Landes grises encor et lourdes au réveil,
Et ne se doutant pas que les sèves travaillent,
Tellement le sol tarde à secouer l’hiver.
Même, quand les vergers dressent les houppes blanches
De leurs pommiers, que la feuille, papillon vert,
S’est attachée et bat de l’aile au long des branches,
Quelques terreaux là-bas boudent compacts et nus.
L’eau des fossés déborde et les terres sont sales,