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poèmes


Les femmes pâles et moroses
Ne miraient pas dans vos tableaux,
Comme la lune au fond des eaux,
Leur étisie et leurs chloroses,

Leurs fronts tristes, comme les soirs,
Comme les dolentes musiques,
Leurs yeux malades et phtisiques,
Où micassent les désespoirs,

Leurs grâces fausses et gommées,
S’allanguissant sur les sofas,
Sous des peignoirs en taffetas
Et des chemises parfumées.

Vos pinceaux ignoraient le fard,
Les indécences, les malices
Et les sous-entendus de vices,
Qui clignent de l’œil dans notre art,

Et les Vénus de colportage,
Les rideaux à demi tirés,
Les coins de chair moitié montrés
Dans les nids du décolletage,