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poèmes

Grand art des maîtres, ce sont elles,
Ce sont les gouges que tu peins.

Et pour les créer, grasses, nues,
Toutes charnelles, ton pinceau
Faisait rougeoyer sous leur peau
Un feu de couleurs inconnues.

Elles flamboyaient de tons clairs,
Leurs yeux s’allumaient aux étoiles,
Et leurs poitrines sur tes toiles
Formaient de gros bouquets de chair.

Les Sylvains rôdaient autour d’elles,
Ils se roulaient, suant d’amour,
Dans les broussailles d’alentour
Et les fourrés pleins de bruits d’ailes.

Ils amusaient par leur laideur,
Leurs yeux, points ignés trouant l’ombre,
Illuminaient, dans un coin sombre,
Leurs sourires, gras d’impudeur.