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Avec des gestes doux qui longuement assistent,

Avec des mots naïfs qui vivement insistent ;
L’hiver, les jours de pluie et de vent fou,
Quand le soleil, comme un paquet de haillons roux,
Est balayé, dans un coin de l’espace,
Son pauvre et vieux logis servait de rendez-vous
Pendant les chasses,

Aux daims, blaireaux, putois, renards et même aux loups.


À vivre ainsi d’une existence familière,

Avec tous ceux des trous et des tanières,
Avec tous ceux des champs et des forêts,
Jan Snul apparaissait,
Comme un antique et boucané satyre.
Rien n’éclatait qu’il ne comprît,
Dans leurs abois, ni dans leurs cris.
Il devinait ce qu’il fallait leur dire
Avant que la colère ou bien la peur
Ne provoquât leur fuite ou leur fureur,

Comme un brusque ouragan, à travers les broussailles.


Il était le berger de ces fauves ouailles ;

Il agissait, loin du village, en tapinois,
Et les odeurs violentes des bois,
Et les senteurs sexuelles et chaudes
Hantaient et saturaient ses blaudes.
Parfois, une tribu, la nuit,

De loups et de renards, venait à lui.