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Jan Snul




La croix de paille est là, barrant la porte,

Signe de deuil : Jan Snul est mort.
Ses chiens hurlent ; le vent du Nord

Rafle leur plainte, et vers les bois l’emporte.


Jan Snul ? Tant de saisons avaient tanné

Son front rugueux et raviné,
Qu’on donnait l’âge

Des vieux chemins à son visage.


Bougon et fruste, âpre et balourd,

Talons pesants et menton gourd,
Boudant les champs, boudant les fêtes,

Son cœur n’était profond que pour les bêtes.


Mais celles-là, comme il les aimait !

Et comme il les accoutumait

À son amour tenace,