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Quand le valet s’en revenait

Chaque printemps, des Baléares,
— Tricorne en vair, plumes barbares —

Maître Terlinck l’entretenait


De sa fille Kato, la tendre

Et gente amie au regard clair,
Luisante et saine comme l’air,

La plus belle rose de Flandre.


« Un jour, il en sera l’époux,

Lui, le valet ! Sur la lanterne
Un peu vieille de la taverne

Leurs noms luiront hardis et fous. »


Le beau valet rêvait merveilles,

Il se voyait, large et replet,
Dans le mirage et le reflet

— Trôner — des brocs et des bouteilles.


Un lustre rouge incendierait

Le plafond d’or de ses extases :
Miroirs aux murs, fleurs en des vases,

Et seule, au clair du cabaret,


Kato, droite et superbe à rendre

Béants d’amour les plus distraits,
Pulpe grasse, pétales frais,

La plus belle rose de Flandre !