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doit revivre à la lumière et sortir de sa ruine. L’Allemagne y instaurerait sa science brutale et courte ; ses professeurs à gages comme ses officiers ; ses méthodes sans souplesse, sans liberté et sans vie. La science, qu’elle soit esthétique, industrielle ou militaire n’est rien si elle n’est rehaussée d’art.

Or c’est précisément l’art, cette chose mystérieuse mais indispensable, que l’Allemagne ignore en tout ce qu’elle projette, pense, veut et fait. Elle mécanise le monde, mais ne le grandit pas. Dans cette lutte immense où se joue le sort de l’Europe, elle ne produit aucun capitaine de génie. Sa tactique guerrière est toujours la même. Elle attaque et se défend d’après des plans inchangeables, tout comme la bête dans les bois. Elle porte le glaive ; jamais elle