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séjour à Bruges, je pénétrai plus avant dans le cœur de la ville. Ce cœur fervent mais mélancolique, je le surpris dans les églises où des vieilles en noir priaient devant les autels, éclairées obliquement par un brasier de cierges. Le béguinage me séduisit. J’y passai de longues heures, me promenant sur la pelouse, entre les rangées d’arbres. Les pieuses amantes du surnaturel et du mystère que j’y côtoyai à chaque pas m’insinuèrent leur dévotion lente et régulière d’abord dans les yeux et bientôt dans l’âme. À l’heure où le soir tombait et où sonnait, de clocher en clocher, l’angélus, une vie insoupçonnée me fut peu à peu révélée et jamais je ne quittai moins qu’alors, le livre de prières qu’une de mes tantes m’avait donné à ma première