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mise : on longeait les opulentes rives du fleuve, on côtoyait Rupelmonde, Hemixhem, Burgt et l’on débarquait à Anvers, avec l’air et l’odeur de l’Escaut dans ses vêtements. Alors, traversant les rues, les places et les ruelles, je sentais la vie ardente, prodigieuse et fourmillante entrer en moi. Les bassins étaient grouillants de débardeurs. Les auberges et les cabarets se remplissaient de buveurs. Des femmes parées et des nègres étaient attablés aux terrasses. Plus loin, dans les rues chaudes, les matelots déployaient une gaieté lourde et chantante. Bras dessus, bras dessous, ils ballaient d’un trottoir à l’autre. Des refrains en langue inconnue sortaient de leurs bouches. L’atmosphère était comme saturée de plaisir. Quand les lanternes s’allumaient,