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Dites, la paix des grands couchants en mer !
Dites, et leur douceur et leur splendeur penchante,
Le soir, lorsque l’on croit, là-bas, dans le soleil,
Que la lumière chante !

Et qu’elles sont claires et apaisées
Les pensées ;
Et comme, en planités mentales,
Elles s’étalent,
Sur les nappes des mers horizontales !

Oh ! s’endormir, près des vagues étales,
Comme quelqu’un des premiers temps du monde,
Être la mer, être le soir,
Ne faire qu’un, avec l’or de leurs miroirs
Et les pourpres de leur Golcondes !

Se transmuer, pour revivre, soudain,
D’une vie atlantique et surhumaine !
Dites, loin des regrets et loin des haines,
Dans l’ivresse des soirs et l’amour des matins !

Là-bas, en des grottes, où des yeux d’eau
Voient scintiller de nageantes cuirasses
Et d’énormes fleurs rondes flotter,