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Les vagabonds qui habitent des fosses
Avec leurs filles qu’ils engrossent ;
Les fous qui choisissent des bêtes
Pour assouvir leur rut et ses tempêtes ;
Les mendiants qui déterrent les mortes
Rageusement et les emportent ;
Les couples noirs, pervers et vieux,
Qui instruisent l’enfant à coucher entre eux deux ;
Tous passèrent par le moulin.

Enfin :

Ceux qui font de leur cœur l’usine,
Où fermente l’envie et cuve la lésine ;
Ceux qui dorment, sans autre vœu,
Avec leurs sous, comme avec Dieu ;
Ceux qui projettent leurs prières,
Croix à rebours et paroles contraires ;
Ceux qui cherchent un tel blasphème
Que descendrait vers eux Satan lui-même ;
Tous passèrent par le moulin.