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C’est l’heure ample de la terreur,
Où passe en son charroi d’horreur,
Le vieux Satan des labours rouges.

Par la campagne en grand deuil d’or,
Où vont les vieux silencieux ?

Quelqu’un a dû frapper l’été
De mauvaise fécondité :
Le blé, très dru, ne fut que paille.

Les bonnes eaux n’ont point coulé
Par les veines du champ brûlé ;
Quelqu’un a dû frapper les sources ;

Quelqu’un a dû sécher la vie,
Comme une gorge inassouvie,
D’un seul grand coup vide un plein verre,

Par la campagne en grand deuil d’or.
Où vont les vieux et leur misère ?