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Mais d’autres fois, c’est la Mort grande et sa légende,
Avec son aile au loin ramante,
Vers les villes de l’épouvante.

Un ciel en fusion plombe la terre moite ;
Des tours noires s’étirent droites
Telles des bras, dans la terreur des crépuscules ;
Les nuits tombent comme épaissies,
Les nuits lourdes, les nuits moisies,
Où, dans l’air gras et la chaleur rancie,
Tombereaux pleins, la Mort circule,

Ample et géante comme l’ombre,
Du haut en bas des maisons sombres,
On l’écoute glisser muette et haletante.
La peur du jour qui vient, la peur de toute attente,
La peur de tout instant qui se décoche
Persécute les cœurs, partout,
Et redresse, soudain, en leur sueur, debout,
Ceux qui, vers les minuits, songent au matin proche.

Les hôpitaux gonflés de maladies,