Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Soudainement, à coups brutaux,
Battent et chavirent les têtes
Des grands bourgeois monumentaux.

L’après-midi, à tel moment,
La fièvre encore augmente
Et pénètre le monument
Et dans les murs fermente.
On croit la voir se raviver aux lampes
Immobiles, comme des hampes,
Et se couler, de rampe en rampe,
Et s’ameuter et éclater
Et crépiter, sur les paliers
Et les marbres des escaliers.

Une fureur réenflammée
Au mirage d’un pâle espoir,
Monte parfois de l’entonnoir
De bruit et de fumée,
Où l’on se bat, à coups de vols, en bas.
Langues sèches, regards aigus, gestes inverses,
Et cervelles, qu’en tourbillons les millions traversent,