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Toute la mer va vers la ville !

Ô les Babels enfin réalisées !
Et les peuples fondus et la cité commune ;
Et les langues se dissolvant en une ;
Et la ville comme une main, les doigs ouverts
Se refermant sur l’univers.

Dites, les docks bondés jusques au faîte !
Et la montagne, et le désert, et les forêts,
Et leurs siècles captés comme en des rets ;
Dites, leurs blocs d’éternité : marbres et bois,
Que l’on achète,
Et que l’on vend au poids,
Et puis, dites ! les morts, les morts, les morts
Qu’il a fallu pour ces conquêtes.

Toute la mer va vers la ville !

La mer soudaine, ardente et libre,
Qui tient la terre en équilibre ;