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Un pâle et morne jour de cave
Frôle leurs pignons bas ;
Quoique lavés à tour de bras,
Les seuils humides restent gras ;
Et c’est l’automne et c’est l’hiver :
La banlieue est déserte et ses chemins déserts,
Et seuls les vieux chiens hâves
Sortent, fouillant la boue, ou tout-à-coup se roulent,
Pattes en l’air,
Parmi des tas de cendre et d’écailles de moules.

Heureusement qu’un beau matin, l’été
S’en vient, de sa neuve clarté,
Chauffer les murs dont le crépi s’éraille,
Et que l’égout et le trottoir
Se repeuplent du grouillement noir
Et des pieds nus de la marmaille.

Les ruelles se réveillent soudain,
Toutes portes ouvertes ;
Du linge sèche aux cloisons vertes
Des tout petits jardins ;