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Les millésimes d’or vous font une parure,
Le geste lent de vos bourgeois
Se solennise et gagne en poids,
Rien qu’à glisser la clef dans vos larges serrures.

Les dimanches, après la messe, quand ils vont
Sur la grand’place, où l’on s’assemble,
Rivaliser entre eux, il semble
Que chacun dresse en soi l’orgueil de vos frontons.

Vous abritez tranquillement leur vie épaisse,
Et leur torpide honnêteté,
Et leur gourmande vanité,
Et les textes moisis de leur pauvre sagesse.

Mais vous garde aussi, vieux hôtels revêtus
Du manteau sombre des années,
Un peu de gloire âcre et fanée,
Et le relent épars des antiques vertus.