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Vos gestes sont prudents, mesquins et routiniers,
Vous ne penchez sur vos négoces
Que des yeux mornes ou féroces,
Qui ne comptent que par deniers.

Vos cerveaux sans révolte et vos cœurs sans fierté,
Se complaisent aux moindres choses,
Et de pauvres apothéoses
Font tressaillir vos vanités.

Vous ne produisez plus ni communiers ni gueux,
Et vivez à la dérobée
Des miettes d’ombre et d’or tombées
Du festin rouge des aïeux.

Pourtant, si triste et long que soit votre déclin,
Notre rêve ne veut pas croire
Que plus jamais la belle gloire
Ne bondira de vos tremplins.