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Et passe,
Par la grand’place,
L’enterrement,
Et les chevaux du corbillard s’effarent
Aux chocs brutaux de la fanfare
Qui bat le deuil, terriblement.

Et les commères se chamaillent,
Là-bas, sous un auvent de bois,
Et recomptent, sur leurs vieux doigts,
Ce qu’ont coûté ces funérailles.
Et les enfants, au sortir de l’école,
Rompent soudain leurs jeux
Et regardent, de tous leurs yeux,
La bouche ouverte, et sans parole ;
Et les lourds camions aux carrefours s’arrêtent ;
Et ceux du tir à l’arbalète
Sont accourus du fond de leur enclos,
Et par décence ou par scrupule,
Ils dissimulent
Leur pipe ardente et allumée,
Dont on voit la douce fumée
Monter de derrière leur dos.