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Qui s’embarqua vers les levants,
Sans rien leur en apprendre,
Et c’est leur mal de chaque jour,
De repenser encor à son retour
Et de ne plus y croire, et, néanmoins, toujours,
D’attendre

Oh ! ces vitres par où l’on voit,
Au long de blancs murs droits,
Traîner les vieux, de fenêtre en fenêtre ;
Et ces couloirs où l’on entend
Sonner le bruit intermittent
De leurs bâtons de hêtre ;
Et ce piteux et pauvre banc,
Où, deux par deux, au jour tombant,
Ils s’arrêtent et longuement se taisent,
Quand leurs pipes, comme des braises,
Brûlent seules, de leurs points d’or,
Le vide obscur et mort
Des corridors.

Les vieux, les pauvres vieux, avec leur dos en bois,
Et leurs regards lointains, et leur défunte voix,
Et leurs craintes durant les insomnies,