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LES VILLAGES ILLUSOIRES

Le vent râpe du fer
Et peigne au loin les avalanches,
Hageusement, du vieil hiver,
T{ageusement, le vent,
Le vent sauvage de U^ovembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Hallotent leurs loques falotes
De vitre et de papier.

Le vent sauvage de U^Qovembre ! —
Sur sa butte de gaon bistre
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche,
sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de C^Qovembre.
Les vieux chaumes à cropetons
aiutour de leurs clochers d’église
Sont soulevés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
QA.U vent sauvage de ¡Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,