Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Mes compagnons fuyaient : ils avaient peur.
La crainte également serrait mon cœur,
Mais, néanmoins, je restais là, planté
Quand même, à la vitrine.
L’œil noir de l’horloger
Plânait de tous côtés ;
Ses manches en lustrine
Faisaient des gestes, ci et là,
Il sifflotait, avec des rythmes las,
Un air connu qu’on fredonnait en Flandre.
Un jour, j’entrai chez lui, décidément.
Je voulais voir et je voulais l’entendre :
Il était ma folie et déjà mon tourment.


Je ne lui pus rien dire.


Les ronds joufflus des gros cadrans
Ornaient d’un lunaire sourire
La chaux des grands murs blancs.
Mille insectes épileptiques
Semblaient grouiller, dans la boutique ;
Je surprenais, en des cloisons,
Du haut en bas de la maison,